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Photo du rédacteurMaxence Longle

L'étude et la protection des baleines : un défi colossal (1/3)


Les baleines jouent un rôle écologique central dans les écosystèmes marins. Pourquoi alors sont-elles si difficiles à protéger, malgré l'affection du public et les efforts de nombreuses organisations ? Mais d'abord, qu'est-ce qui fait d'elles des animaux parmi les plus complexes à étudier, avec des secrets que les biologistes marins sont encore loin de percer ?


Il n’est pas évident de prendre la mesure de l’ampleur de la tâche que constitue l’étude biologique des baleines, lorsque les documentaires animaliers nous habituent à voir se succéder des images spectaculaires, ou qu’on a la chance de pouvoir en observer facilement quelques-unes lors d’une sortie touristique. Lorsque des zoologistes étudient des espèces terrestres, plusieurs techniques peuvent être adoptées pour observer, capturer et suivre les individus. Certains animaux comme les caribous et les mouflons peuvent être suivis visuellement, d’autres sont faciles à trapper sans les blesser, comme les écureuils, et d’autres encore font des nids ou des terriers où est possible de suivre la croissance des juvéniles sans causer de dérangement majeur. Des projets incluent le marquage de certains animaux afin de les distinguer facilement et de suivre leur comportement sur plusieurs mois ou années, et d’autres effectuent des prises de sang ou des mesures de signes vitaux afin d’étudier des phénomènes physiologiques. Lors de la saison de migration, une poignée d’ornithologues équipés de filets bien placés (et d’une bonne dose de patience envers les insectes piqueurs) peuvent mesurer et baguer plusieurs centaines d’oiseaux en une seule matinée.


Quant à elles, les baleines passent la majorité de leur temps sous l’eau, et évoluent sur des territoires immenses et souvent hostiles aux humains. Peu d’équipes scientifiques ont accès à des bateaux qui peuvent rester longtemps en mer pour observer les baleines sur de longues périodes sans avoir à rentrer au port, mais sont aussi assez agiles et discrets pour éviter de les déranger. Et encore faut-il repérer des individus de l’espèce que l’on souhaite étudier, qui peuvent se trouver à des centaines ou des milliers de kilomètre de là où on les attend, comme les migrations sont souvent mal connues et imprévisibles. Mais même une fois au bon endroit et au bon moment, il est étonnamment difficile de suivre un individu particulier pendant une longue période. Peu de sentiments se comparent à celui qui s’installe sur un bateau scientifique, lorsqu’on réalise qu’on a irrémédiablement perdu la trace d’un animal de plus de 80 tonnes qu’on avait enfin repéré après des jours de recherche... 


Mais aujourd'hui, n'est-il pas possible de suivre les baleines en installant des balises satellites ou d'autres gadgets de ce type ? Bien sûr, ces technologies existent et sont souvent utilisées pour étudier de nombreuses espèces animales. Mais les baleines n'ont pas de cou sur lequel poser des colliers GPS, ni de pattes pour porter des anneaux, ni même de fourrure sur laquelle coller un dispositif comme on peut le faire sur les phoques! Différents types d'implants ont été développés, mais ils présentent des risques d'infection et d'inflammation qui inquiètent de nombreux chercheurs pour la santé fragile des animaux étudiés. Les scientifiques se rabattent souvent se rabattent souvent sur les étiquettes à ventouse qui fournissent des informations fascinantes mais restent rarement en place plus de quelques jours.


Les biologistes ont développé des techniques inhabituelles faisant appel aux drones et aux relevés acoustiques pour étudier les baleines . Des échantillons d'excréments et de petits morceaux de peau flottant à la surface sont également souvent collectés pour mieux comprendre le régime alimentaire et l'état hormonal des baleines. Plus impressionnant encore, certaines équipes utilisent des arbalètes à flèches creuses pour prélever un échantillon de graisse de la taille d'un capuchon de stylo lorsque les baleines remontent à la surface pour respirer ! La photo-identification, technique utilisée depuis les années 1970, consiste à photographier la queue ou la nageoire dorsale d'une baleine et à comparer les images avec un catalogue d'individus connus. Au fil des ans, les photos prises à travers le monde ont permis d'estimer l'âge des baleines observées à plusieurs reprises et de mieux comprendre les migrations.


Cela montre à quel point l'étude scientifique des baleines peut être longue, complexe et imprévisible. Il ne fait aucun doute que l'avènement de technologies permettant l'identification rapide des baleines sur les photos aériennes, satellitaires et infrarouges a été un facteur déterminant dans la réussite de l'étude photos aériennes, satellitaires et infrarouges représente un outil précieux pour mieux comprendre leurs déplacements et estimer la taille des populations avec plus de précision ! L'intelligence artificielle est un atout majeur qui viendra compléter le travail des biologistes sur le terrain, et ses applications à l'étude des mammifères marins se multiplieront sans doute dans les années à venir.


Une chose est sûre, les baleines ne livrant pas facilement leurs secrets n'arrêteront pas la passion et la soif de connaissances des biologistes qui les étudient ! Comment ces caractéristiques uniques les rendent-elles vulnérables aux changements de leur environnement, et que peut faire Whale Seeker pour relever les défis de leur conservation ? C'est ce dont nous allons discuter dans les prochains billets.

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